Chapitre 16

art by ilitiaforver http://ilitiaforever.deviantart.com/

– Sally, appela le châtain qui, assit dans sa chaise longue, discutait tranquillement avec son médecin attitré tout en caressant son chat, je suis inquiet à propos du bébé…

– A quel sujet ? Demanda la jeune femme, visiblement surprise, n’ayant rien remarqué de suspect ou inquiétant lors du dernier examen de son jeune patient.

– Depuis quelques temps, il bouge de moins en moins et là, je l’ai pas sentit depuis ce matin… Tu crois qu’il y a un problème ? S’inquiéta-t-il, une main protectrice posée sur son ventre proéminent.

– Tu arrives presque à terme, Duo. Ton bébé à beaucoup grossit en l’espace de quelques semaines et il n’a plus la place de s’ébattre à sa convenance ! Cela deviendrait vraiment inquiétant si tu ne le sentais pas bouger depuis deux jours. Mais rassures-toi, tout est en ordre, le rassura la jeune femme, en lui adressant un sourire confiant.

– Oh, souffla l’américain, pensif. Je m’excuse de te poser toutes ces questions, je dois paraître bien stupide et ignorant…

– Ne dis pas n’importe quoi, Duo, déclara patiemment le médecin. Tu ne peux pas tout savoir non plus… Il est normal qu’une future maman qui, en plus, devient mère pour la première fois se pose des questions…

– Tu as raison, admit le châtain. Mais n’empêche que… Tiens, en t’entendant parler de ça, j’en fais appel à ton statut de médecin… A ton avis, comment devrais-je me comporter vis à vis du bébé lorsqu’il sera là ? Devrais-je me comporter comme sa mère où comme son père ?

– Que tu sois sa mère ou son père, Duo, tu auras le même rôle… Tu le nourriras, tu prendras soin de lui, tu veilleras à son bien être et tu l’aimeras… Alors que tu sois sa mère ou son père, quelle importance ? Demanda la jeune femme en lui adressant un sourire amusé.

– Oui, pour le début j’en conviens, il ne fera certainement pas la différence, mais pour après… Quand il sera grand et en âge de comprendre… Il se posera forcément des questions… Et que devrais-je lui répondre ?

– On y est pas encore, mon grand, tu as largement le temps d’y réfléchir… Mais si vraiment tu tiens à avoir une réponse, le mieux à faire, c’est de lui expliquer, il comprendra parfaitement tu sais… Après, d’ici là, tu as encore le temps de mûrir, tu analyseras la question différemment et adopteras ta réponse en fonction de ce que ton enfant sera prêt à entendre où pas… Et puis, qui sait, peu être auras-tu trouvé l’amour entre temps… Dans ce cas, tu pourras alors en discuter avec la personne qui partagera ta vie à ce moment là, savoir ce que vous jugerez préférable pour ton garçon dans le cas présent… Tu sais, c’est difficile de répondre à ce genre de questions… Il y a tellement de paramètres à prendre en compte… Mais, tu t’en rendras compte bien assez tôt et sache que, le moment venu, tu sauras…

L’adolescent ne répondit rien, méditant sur les paroles de son aînée. Après un court silence, pendant lequel la jeune femme fixa l’américain, s’amusant de son air à la fois perplexe et méditatif, le natté finit par hocher la tête, méditant sur les paroles de son médecin.

– J’ai peur Sally… J’ai horriblement peur de la suite… Qu’est-ce qu’il va se passer… Après ?

– Je ne sais pas, Duo, répondit Sally, dépitée par son ignorance de l’avenir. Je ne sais pas du tout… Mais quoi qu’il arrive, soit certain que nous ne t’abandonnerons pas… Tu as ma parole, Duo…

– Je sais pas quoi dire, Sally… Je… J’espère quand même que toute cette histoire ne vous attirera pas trop d’ennuis… Je sais bien que le Colonel Kushrénada n’aime pas que vous passiez tant de temps avec moi…

– Ne t’occupes pas de lui, mon grand, le rassura la jeune femme en lui adressant un petit sourire.

Trois petits coups discrets frappés à la porte interrompirent les réflexions de l’adolescent qui, surprit, tourna la tête en direction de l’intrus. Un large sourire radieux étira ses lèvres lorsqu’il vit Zechs entrer dans la pièce et s’avancer vers lui. L’instant suivant, après avoir salué Sally au passage, le grand blond vient s’agenouiller aux côtés du pilote du Deathscythe qui le prit dans ses bras, l’attirant dans une tendre étreinte.

– Bonsoir toi… Coucou la Chose, souffla l’officier à l’oreille de Duo. Tu n’es pas encore couché ? Comment vas-tu ?

– Maintenant je vais bien, souffla à son tour le châtain, tentant de retenir les larmes qui lui piquaient les yeux. Maintenant que tu es là, tout va bien… Répéta-t-il en l’attirant davantage à lui. Tu vois, ajouta-t-il en sentant son bébé donner un coup de pied, lui aussi est d’accord avec moi…

Prit de court par la réaction de son cadet, Zechs, précairement accroupi au chevet de son ami, perdit l’équilibre, se retrouvant à moitié affalé sur l’adolescent qui murmura, un petit sourire contrit étirant ses lèvres :

– S’cuses…

N’appréciant pas d’être dérangé, le chat sauta des genoux de Duo qui, d’un air désolé, déclara :

– Tanganyika n’a pas apprécié d’avoir été dérangé dans sa sieste…

– Il s’en remettra, sourit le blond.

Zechs l’embrassa sur la tempe avant de se redresser et de prendre place sur le fauteuil, sous le regard de Duo, qui demanda :

– Ta mission s’est-elle bien déroulée ?

– Tu parles ! Soupira le blond, épuisé. Ils ont fait appel à moi pour régler un problème technique pour lequel je n’ai absolument aucune compétence. Je te jure, ces militaires, ils n’ont rien dans la cervelle…

– Dois-je te rappeler que tu es un militaire ? Le charia l’américain, lui adressant un clin d’oeil.

– Oui mais moi, répliqua Zechs du tac au tac, je suis l’exception qui confirme la règle !

Imitant l’adolescent, il lui adressa un clin d’oeil entendu, le faisant éclater de rire. Prenant part à la conversation, Sally demanda :

– Et ils t’ont gardé une semaine pour ça ?

– Malheureusement, soupira l’officier. C’est un des inconvénients de mon rang auquel je ne peux échapper aussi aisément que je le voudrais. Et toi, ça va ? Ajouta-t-il en se tournant vers son cadet. Comment va la Chose ?

– Il va bien, sourit le châtain. Il ne bouge plus énormément, c’est déjà ça, mais il se fait de plus en plus lourd à porter… Il m’épuise…

– Je vois ça, approuva le blond. Tu as des cernes sous les yeux… Tu te reposes au moins ?

– Tu as exactement les mêmes réflexions que Sally, sourit l’adolescent. Et oui, je me repose au maximum. Si tu veux tout savoir, je ne me lève de ma chaise que pour le strict minimum…

– Bien, souffla l’officier, visiblement rassuré de voir Duo à l’écoute de ses propres besoins.

Un silence apaisant s’installa entre eux, si bien que chacun sursauta lorsque le bipeur de Sally retentit dans la pièce. Esquissant un petit sourire contrit, la jeune femme s’empressa de l’éteindre avant de se lever.

– Je suis appelée à l’infirmerie, expliqua-t-elle. Je vous laisse ! Bonne nuit les garçons, soyez sages, ajouta-t-elle en leur adressant un clin d’oeil entendu.

– Promis ! S’exclama le châtain, tout sourire. Bonne nuit, Sally !

– Dors bien, sourit le blond.

Lorsque la porte de la chambre se referma sur la jeune femme, le silence retomba lourdement dans la pièce. Puis, après un instant de réflexion, le blond se tourna vers son cadet, et un air sérieux dépeint sur le visage, il demanda :

– Comment est-ce que tu te sens ?

Esquissant un sourire qui se voulait enjoué, le châtain déclara :

– Tu m’as déjà posé la question tout à l’heure ! Deviendrais-tu sénile ?

– Je te parle de ce qui se passe là-dedans, reprit Zechs en appuyant son index sur le front de son vis à vis. Je vois bien que tu es préoccupé… Je ne te force pas à me parler, s’empressa-t-il d’ajouter, ne connaissant que trop bien la façon dont Duo avait de se replier sur lui-même lorsqu’il était question de ses sentiments. Cependant, sache que si tu veux le faire, je suis là pour t’écouter, d’accord ?

L’adolescent ne répondit rien, se contentant d’hocher la tête en signe d’acquiescement, tout en détournant le regard, n’osant soutenir celui inquisiteur que le blond posait sur lui, comme s’il tentait de lire en lui. Après quelques minutes de silence qu’aucun des deux n’osait interrompre, Duo finit par céder et, relevant la tête, plongeant son regard apeuré dans celui de son aîné, il déclara :

– Je… J’ai peur Zechs… Souffla-t-il. Je suis terrifié à l’idée de ce qui va arriver… Et puis, je… Ils me manquent… Il me manque tellement, lui et les autres aussi…

Comprenant la détresse de son cadet, Zechs l’aida à se lever et le fit s’asseoir sur son lit, avant d’y prendre place à son tour et de l’attirer à lui dans une étreinte rassurante et réconfortante.

– Je sais, murmura le blond, impuissant face au désarroi de son ami. Je sais, Duo… Et cela me fend le coeur de ne pouvoir rien faire hormis te tendre les bras… Je suis incapable de faire quoi que ce soit d’autre pour toi et je m’en veux pour cela… Je n’imagine que trop bien à quel point cette épreuve t’est douloureuse… Si seulement je pouvais faire autre chose que me contenter de rester là, je le ferais enkeli… Soit assuré que je le ferais…

– Je le sais, Zechs… Je le sais et je t’en remercie… Je te suis infiniment reconnaissant d’être là pour moi… De m’écouter me plaindre à longueur de temps et surtout de le faire avec patience…

– Je tiens à toi Duo, souffla Zechs tout en lui caressant tendrement les cheveux. Je tiens à toi bien plus que tu ne l’imagines… Et je n’ose penser à ce que le futur nous réserve…

– Moi aussi je tiens à toi, Zechs, murmura le châtain en raffermissant sa prise sur la chemise de son aîné. Et même si j’en viens à attendre impatiemment la venue du bébé, au fond de moi, j’aimerais pouvoir la retarder juste pour pouvoir rester avec toi… Mes amis me manquent… Heero me manque… Mais je… Je ne peux concevoir de devoir te quitter et te laisser derrière moi… Toi et Sally aussi… Tout comme mon bébé… Oh, Zechs… Je ne peux pas… C’est au dessus de mes forces… Sanglota le châtain, vaincu par la tristesse qui rongeait son âme. Je n’y arriverais pas, Zechs… Je patauge dans le flou le plus total… Sans parler du bébé en lui-même, comment oserais-je seulement me présenter de nouveau face à eux ? J’ai tellement peur… Peur de l’accueil qu’ils me réservent… Heero me tuera pour lui avoir désobéi…

Comprenant que le natté avait besoin de parler plus qu’autre chose, le blond le laissa faire, ne cherchant pas à l’interrompre, le laissant déballer ses sentiments. Le rassurant de sa présence, il resserra davantage sa prise sur le corps du natté, alors que de sa main libre, il caressait lentement ses cheveux dénattés de son vis à vis.

– Et il ne me tuera pas que pour cette unique raison… Dear God, que vais-je bien pouvoir lui dire… Dois-je seulement lui avouer qu’il… Que nous avons un enfant ? Dois-je le laisser dans l’ignorance ? Aide-moi Zechs… Je t’en prie… Je voudrais juste que cela cesse… Juste pour un temps, je voudrais oublier toutes ces questions, ne plus penser à l’avenir et à toutes ces responsabilités qui m’incombent…

– Calme-toi enkeli, l’encouragea doucement le blond. Je ne sais pas quoi te dire pour soulager ta détresse, Duo. Je n’ai jamais été très doué pour les longs discours et dire que tout ira bien serait mentir… Tout n’ira pas bien, nous en sommes tous les deux conscients, mais tant qu’il me restera des forces, je les emploierai à adoucir ta peine et ta solitude… Je resterais près de toi, enkeli… Quoi qu’il arrive, je serais près de toi…

Emu et touché au plus profond de lui par la sincérité qui transperçait dans la voix de son aîné, Duo s’arracha à son éteinte de façon à plongé son regard rougit par les larmes dans celui empli de tendresse de l’officier. Avant même qu’il ne réalise son geste, Zechs posa sa main sur la joue humide de l’américain et du bout du pouce, il essuya les larmes qui perlaient au coin de son oeil, sans quitter Duo des yeux, hypnotisé par la détresse et la supplication muette qu’il décelait au fond des deux lacs améthyste qui le fixait intensément.

Aucun des deux hommes ne sut comment leurs lèvres en vinrent à se frôler, pas plus qu’ils ne cherchèrent à savoir lequel d’entre eux fit le premier pas. Mais les faits étaient là et lorsqu’il sentit les lèvres chaudes et délicates de Duo contre les siennes, Zechs rendit les armes et perdit toute notion du temps. Plus rien ne l’importait plus que Duo, que les lèvres de son amour soudées aux siennes en une chaste caresse.

Cependant, bien vite, le baiser se fit plus approfondit et lorsqu’il sentit les lèvres de Duo s’entrouvrirent sous les siennes, sans plus de préoccupations, il laissa sa langue les goûter, les effleurant d’abord timidement puis avec de plus en plus d’assurance, jusqu’à ce qu’il soit incapable de faire marche arrière. Avec toute la douceur dont il était capable, sa langue franchit la barrière des lèvres entrouvertes de Duo, partant à la découverte de sa bouche, se repaissant de son goût suave et sucré.

Lorsqu’enfin leur langue se rencontrèrent, Zechs et Duo frissonnèrent à l’unisson, alors que leur coeur s’emballait, cognant frénétiquement dans leur poitrine. Soupirant de bien être, Duo s’abandonna totalement entre les bras du blond, se laissant guider par l’expérience de son aîné, savourant l’instant et la douceur infinie dont il faisait preuve et gravant dans sa mémoire l’avalanche de sensations toutes plus savoureuses les unes que les autres, qui déferlaient sur lui.

Abandonnant leur timidité, leur échange se fit très vite de plus en plus empressé et demandeur. Leur langue se rencontraient avec avidité, se caressant sensuellement, sans pour autant chercher à assujettir l’autre, leur but n’étant pas d’attiser leur désir, juste une profonde envie d’oubli.

A suivre…

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